mercredi 10 avril 2013

Exemple de procédé malhonnête d'une "féministe"

Préambule sur le féminisme, sous forme de rappel :

* Le féminisme n'est pas un bloc monolithique composé de femmes toutes-sœurs-qui-se-tiennent-par-la-main et d'accord entre elles, comme si elles partageaient une intelligence et une conscience collective, à l'instar d'une société d'insectes ou des aliens dans Les Maitres du Monde. Le féminisme se compose de divers courants, dont certains s'entrechoquent violemment.

* Le féminisme N'EST PAS un synonyme d'anti-sexisme, comme se plaisent à le laisser entendre certaines féministes (de même que le PS n'est pas la Gauche, comme se plaisent à le laisser entendre certains journalistes, ou militants du Parti Solférinien).
Des féministes sexistes, ça existe.

* Le féminisme n'est pas un artefact magique protégeant celui ou celle qui le porte de la stupidité, de la mauvaise foi, de la manipulation, de l'erreur, de l'indigence intellectuelle crasse. Il y a des féministes connes, comme celles dénoncées ici. Et des féministes inutile(s)ment casse-bonbons, comme celles dénoncées là.


Bien, maintenant nous pouvons continuer.

Parmi les divers procédés malhonnêtes, au moins sur le plan intellectuel, qu'emploient bon nombre de "féministes" - le plus souvent autoproclamées, faute d'AOC - il y en a un particulièrement retors car il pose d'emblée l'éventuel contradicteur dans le rôle de salaud , ou de vilaine, sans cœur.
Il s'agit de jouer sur le registre de l'émotion et de l'empathie, de la victimisation et de la culpabilisation, à grands renforts de figures de styles dignes du journal intime d'une collégienne.
Si vous osez critiquer le propos, vous n'êtes de fait qu'un suppôt du patriarcat - ouuuuuh que c'est vilain - en plus d'être coupable ne pas vous répandre en larmes sur le triste sort de la victime dont vous venez de lire un témoignage, ce qui confirme votre inhumanité profonde et votre méchanceté de personne pas gentille ayant une pierre à la place du cœur (quand tant d'autres se plaisent à avoir un cœur en guimauve à la place du cerveau).

Un très bon exemple de ce genre de procédés m'a justement été transmis récemment sur Twitter, comme étant un "bon" article sur le féminisme. Et plus dure fut la chute comme on dit...

L'exemple, le voici : un article intitulé "À toi, mon ami qui ne viole pas",
mais qui est quand même un violeur potentiel - ou à défaut un complice, car si tu es un homme tu es forcément ignorant des problèmes tels que le sexisme ou la rape-culture, et ce même si tu prétends le contraire.
Mais j't'aime quand même, va, "mon ami"...

Extraits :
« À toi, mon cher ami qui n’est pas « comme ça » et qui te défends d’être un membre de la « culture du viol», à toi, donc, je dédie ces prochains mots (...)
Alors je vais te dire quelque chose, mon cher ami qui n’est pas « comme ça », il se peut que ça te fasses bizarre, mais voilà : il n’y a pas de « comme ça ». Il n’y a pas de profil. Il n’y a pas de stigmate « violeur » (...)
Tu peux te défendre de n’être pas « comme ça », n’empêche (...)
Tu dis que tu es irréprochable, tu dis que tu n’es pas « comme ça », d’accord. Je t’écoute, je te laisse dire.
Tu oublies juste quelques petits détails : l’électron libre que tu penses être, ça n’existe pas. Nous sommes tous fruits et actants de notre culture (...)
Autre chose, mon ami : tu veux te distancier de la « responsabilité » qui t’incombe nécessairement quand on évoque la culture du viol (...)
Mon ami, tu essaies de me dire que tu ne violes pas, je l’entends. Mais m’écoutes-tu quand je t’explique la peur, quand je te dissèque la terreur, quand je te montre le climat qui règne parfois à l’intérieur de mon cerveau de femme, qui se sent si vulnérable, si affaiblie par moments, si renvoyée à sa pauvre condition de « femme » par cette culture du viol, justement ? (...)
Tout cela, mon ami, pour te dire que quand tu m’expliques que tu n’es pas « comme ça », quand tu me répètes en geignant que tu n’appartiens pas à cette « culture du viol », que tu ne te reconnais pas dans ce que l’on dépeint comme stigmates et aberrations, tu te leurres (...) »

Un homme est donc au pire un violeur, au mieux un complice, à défaut un idiot, et ce même s'il prétend le contraire. CQFD.

Une femme quant à elle - ou du moins son cerveau, les femmes en ont un raconte la légende, mais si - se sent vulnérable, car les hommes sont tous de potentielles sources de danger. Hm.

Et mention spéciale au déterminisme culturel et sociologique, mise à jour 2.0 du déterminisme génétique, relayé dans ses propos. Elle a beau dire que "nous sommes tous fruits et actants de notre culture" ("actants" signifiant ici qu'on est acteur dans la société, sa culture, et qu'on peut donc la modifier), ce n'est qu'un écran de fumée : car tout le reste de son article s'adresse aux hommes (tous) pour leur expliquer que quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, ils sont de fait - et ce uniquement en raison de leur sexe - acteurs ou complices de la culture du viol, voire des violeurs potentiels :
"Tu peux te défendre de n'être pas comme ça, n'empêche (...) l'électron libre que tu penses être, ça n'existe pas (...) tu ne te reconnais pas dans ce que l'on dépeint comme stigmates et aberrations, tu te leurres".

Charmant : tout individu est prisonnier de son sexe / son genre, de sa culture et de sa condition sociale, et on pense tous exactement la même chose en fonction de ces critères, sans possibilité aucune de s'extraire de La Matrice. 
On se demande même comment l'auteur (et non "auteure") a pu écrire un billet sur les hommes sont des violeurs ou des complices le féminisme, au lieu d'être occupée à la vaisselle, à courir les magasins, ou à jouer à Léa Passion Décoratrice comme l'exigent les diktats sociaux en vigueur.
D'ailleurs, moi-même, je pense exactement la même chose que la femme qui a rédigé "À toi, mon ami qui ne viole pas" ;
la preuve : j'écris justement ces lignes critiquant son propos... Non mais y'a une explication : je suis une Fée, je dois être immunisée contre le déterminisme culturel et génétique des humains.


Un autre extrait :
« Tu te sens coupable, mon ami, alors que je ne t’ai accusé de rien. »
Elle a beaucoup d'humour.



Conseils de regardure :

- J’ai été agressée, mais je vais bien, merci
Ou l'art de parler de sexisme et d'agressions sans verser dans une mièvrerie dégoulinante - contrairement à d'autres.

- Non c'est non - Petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire
Parce que Mario et Link ne seront pas toujours dispo pour nous sauver les miches - et d'ailleurs mieux vaut se passer d'eux : qui sait, ce sont des garçons, ils pourraient nous violer ou être d'odieux complices de la rape culture.




---
« Tout homme est un dissimulateur. Les bons sentiments ne sont que des stratagèmes : le cancrelat nous dévore en soufflant sur notre plaie. »
Ahmadou Kourouma, En Attendant le vote des bêtes sauvages

6 commentaires:

  1. J'ai passé quelques heures d'un agréable rare sur ton Blog La bonne fée, merci !
    Huguess de Nolife ;)

    RépondreSupprimer
  2. "Léa Passion Décoratrice"? (comme tu peux le constater j'ai retenu l'essentiel de ce fort fameux féérique article) Heureusement que Super-Féministe est là pour nous apprendre les dangers de la cohabitation avec TOUS CES VIOLEURS EN PUISSANCE et notre faiblesse intrinsèque de femelle. Je m'en vais obliger Monsieur Ficus à mettre un pantalon à la maison, sa propension à se balader en slip n'est rien d'autre que l'affirmation d'un patriarcat sexuel de mauvais aloi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "Heureusement que Super-Féministe est là pour nous apprendre les dangers de la cohabitation avec TOUS CES VIOLEURS EN PUISSANCE"
      => Oui, c'est affreux ! D'ailleurs, depuis que j'ai lu l'article de Super-Féministe, je ne peux plus regarder mon chien comme avant... >.<

      "et notre faiblesse intrinsèque de femelle"
      => Le double effet Kiss Cool de nos féministes préférées ! Quand on est une femme, on vit dans la terreur d'être violée, tout en feignant d'être surprises quand ça nous tombe sur la gueule. En plus d'être faibles, nous sommes hypocrites ; heureusement qu'on peut faire du shopping pour oublier l'espace de quelques heures notre maudite condition.

      "Je m'en vais obliger Monsieur Ficus à mettre un pantalon à la maison, sa propension à se balader en slip n'est rien d'autre que l'affirmation d'un patriarcat sexuel de mauvais aloi"
      => Mets-lui un coup de Taser quand il se tient mal dans les transports en commun, aussi. Ce n'est pas une simple impolitesse, c'est l'appropriation du territoire par d'odieux mâles dominants !
      Look : http://forum.nolife-tv.com/showpost.php?p=1976716&postcount=8443
      (source : http://www.vice.com/read/swedish-feminists-are-so-bored-theyre-telling-men-how-to-sit-on-the-bus )

      Et profites-en pour lui apprendre à pisser assis : http://www.marianne.net/Insolite-les-Suedois-devront-ils-uriner-assis_a220128.html

      Nous ne nous laisserons plus faire par le patriarcaaaat ! On préfère se laisser faire par des hystériques. C'est forcément mieux, elles ont des ovaires.

      Supprimer
  3. Pfff, ça en fait des choses à faire pour lui faire expier sa condition intrinsèque de violeur potentiel/complice/débile...Ça serait pas plus utile de lui apprendre à identifier les comportements sexistes et comment les éviter, plutôt? J'dis ça j'dis rien hein...
    (le coup du pipi ça me rappelle une affiche dans les chiottes d'un salon de tatoo: "si t'arrives pas à pisser debout c'est pas grave, mieux vaut pisser comme une fille plutôt que d'en foutre partout" rapport aux accidents de messieurs venant de se faire percer la bite; et dans un bar, dans les chiottes pour dames "si tu préfères la cuvette à l'urinoir, relève la lunette, les femmes aussi ont droit à des toilettes propres")
    PS: merci pour ton gentil dernier msg sur mon blog ;)

    RépondreSupprimer
  4. Putin merde, moi qui croyais que ma copine avait envie de moi parfois, en fait... Beh en fait quoi?
    Je m'y retrouve plus moi :(

    Je retourne à la vaisselle. AH non merde je peux pas dire ça, sinon on va dire que si je le souligne, c'est parce que j'ai conscience que c'est pas une tache d'homme.

    Bon je vais mater un match de foot ;) - ERREUR - >beauf-mâle-patriarche spotted!

    Euh alors je vais aller juste pisser :s -> *Pisseur debout repéré* > Allez tout droit en prison. Ne passez pas par la case départ. Ne recevez pas 20.000 francs.

    Bon bah je vais, je vais... CRACK *System Failure*

    Yeah! Encore une victoire des féministes ;)

    RépondreSupprimer

Vous pouvez laisser un message, Hermès transmettra :