dimanche 21 avril 2013

Après "La pipe ciment du couple", le viol conjugal - Elle, une amie qui vous veut du bien

Non mais "ELLE" ! ELLE !
Le magazine féminin qui, comme Harry, vous veut du bien.


Après un dossier à l'été 2012 intitulé pragmatiquement "La pipe, ciment du couple !", dans lequel on apprenait que des femmes n'hésitent pas à utiliser une pratique sexuelle comme monnaie d'échange / moyen de pression pour « le faire céder sur la couleur d’un papier peint ou sur le lieu de nos futures vacances, avoue Adèle, 39 ans » (une technique qu'utilisait peut-être déjà Adèle, à 10 ans, lorsqu'elle voulait absolument que son papa l'emmène au cinéma), ELLE récidive avec la publication d'une déclaration d'Aldo Naouri, pédiatre (et écrivain, Zeus soit loué, c'eut été dommage de louper ça) :
ELLE. Dans votre livre, vous évoquez ces mères entièrement dévouées et qui ne font plus l’amour après la naissance de leur bébé. Vous parlez d’une consultation où vous dites à un père devant sa femme : « Violez-la ! » C’est choquant : le viol, y compris conjugal, est un crime condamné par le Code pénal.
Aldo Naouri. C’est évidemment une provocation ! J’étais devant un homme qui me disait : « J’en crève d’envie mais j’attends qu’elle veuille. » Sa femme le regardait sans rien dire. J’ai dit en exagérant : « Violez-la ! » C’était excessif mais c’était une manière de dire : allez-y, foncez, ça viendra bien ! D’ailleurs, à ces mots, le visage de la femme s’est illuminé !

Ouais, ouais. Le visage de la femme s'est illuminé. Illuminé. Quand un homme dit à un autre "Violez-la !", le visage de la femme en question s'illumine. Pendant un viol collectif, sous les encouragements de la foule, le visage d'une femme c'est le phare d'Alexandrie.
Pour un teint frais et radieux, adieu les gommages, vive l'incitation au viol. 

Peach, le visage illuminé


À propos d'incitation au viol, rappelons - vigoureusement mais pas trop, le stress brouille le teint - que :
L’article 24 du Code pénal punit de « cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : « les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles [y compris donc le viol] définies par le livre II du code pénal »

Suite aux propos environ illégaux et complètement choquants d'Aldo Naouri, relayés on ne peut plus nonchalamment par ELLE, une pétition a été mise en ligne demandant le retrait de ces propos et des excuses conjointes d’Aldo Naouri et de la rédaction du magazine.
(comme on dit, l'indignation 2.0 ça mange pas de pixels pain ; mais croyez bien que si une action s'organise devant les locaux de ELLE, je ne manquerai pas de vous en tenir informés ; ceci dit, ne vous étonnez pas si vous n'avez pas de nouvelles, hein).

J'ai signé. (je ne suis pas la seule, évidemment)
Mais, voyez-vous, maintenant je le regrette presque. Imaginez que cette pétition aboutisse, voire qu'ELLE change de ligne éditoriale. La plaie. Moi qui me faisais une joie à l'idée de pouvoir me plonger l'été prochain dans un dossier consacré aux "Tournantes en famille, le bonheur retrouvé" ou aux "Soins Visage : les vertus raffermissantes de la bifle" en sirotant un bon verre de mojito.
Fuck.


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"Il faut que la presse paraisse, surtout pas qu'elle paresse !"
Claude Frisoni

2 commentaires:

  1. Bien que votre article date un peu, au moment de ma lecture, j'avais envie de vous soumettre un petit témoignage. Il s'est déroulé une scène analogue lors d'une thérapie de groupe avec mon père. Lors d'une séance, le soignant à interpelé mon père en lui disant que sa cousine mourante d'un cancers n'était pas importante... J'ai moi aussi été choqué sur le coup, mais j'ai vu mon père briser son propre tabou sur les peurs qu'il avait vécu plus jeune...

    Je trouve dommage (du moins si mon impression correspond à vos intentions) que votre billet s'attarde plus sur la "faute" du psychologue plutôt que le traitement de l'évènement dans l'article incriminé. En effet, l'article ce contente de compiler plusieurs citations (avec lesquels je n’adhère pas forcément mais ce n'est pas le propos) sans contexte et sans analyse. Ce qui, effectivement, peut amener à un petit risque de confusion (entrainant un passage à l'acte? J'y crois moins). Néanmoins, dans le cadre d'une thérapie cette phrase choc ne sera pas suivit d'un "Bon à la semaine prochaine, pensez à ce que je vous ai dit." mais accompagné d'un temps de réflexion et d'un échange sur le sujet. Bien que n'étant pas compétant dans le domaine, je pense qu'il peut y avoir un intérêt certains à cette brutalité verbale: brisé une couche de non dit. En effet, par une approche plus douce le couple peut se retrancher dans diverses attitudes défensives: déni, non dit, diversions... J'ajouterai également qu'il ne faut pas que se focaliser sur "l'illumination" de la femme, bien qu'il y aurait à dire sur la probable dualité entre son désir d'affection et le rejet de son mari. Négliger la réaction (attendu par le thérapeute) de l'homme vis à vis de cette violence imposé (on lui demande tout de même de faire du mal à un être aimé). Sa soumission passive (selon ce que laisse pensé le texte) à la volonté de sa femme ne cache t'elle pas une peur de sa propre violence? C'est surtout pour cela que je trouve l'article de Elle inconséquent, on jette de la viande fraiche aux fauves mais on n'apporte aucun recul. Je ne pense pas que le psychologue ai fait une faute en agissant ainsi et même en témoignant. Peut être, qu'il aurait du être plus vigilant sur la publication de l'article (puisqu'il doit s'agir d'extraits d'un entretient).

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  2. ET D'UNE :
    Aldo Naouri N'EST PAS PSYCHOLOGUE. Ni psychiatre. C'est UN PÉDIATRE. Un médecin spécialisé dans les enfants, si vous préférez. Il s'est érigé en "spécialiste" des relations de couple comme d'autres s'érigent en "coach de développement personnel"...

    DE DEUX :
    Si, il a commis une faute. En publiant dans son livre, et en réaffirmant, une "phrase choc" - pénalement condamnable, rappelons-le - qui N'AURAIT JAMAIS DÛ SORTIR du cadre de la consultation, car JUSTEMENT elle peut être mal interprétée hors cadre thérapeutique, en plus de véhiculer des clichés nauséabonds : "les meufs de toute façon, elles aiment ÇA", se faire violer, se prendre une tarte dans la tronche et voir "qui c'est le boss", etc.
    On peut difficilement FAIRE PIRE, comme clichés sexistes et dangereux. Et illégaux, je le rappelle encore.

    Ce qui me mène à mon TROISIÈME POINT : ce que vous avez vécu avec votre père en thérapie de groupe N'EST EN RIEN COMPARABLE avec les propos d'Aldo Naouri, repris dans ELLE.

    => Votre situation : une thérapie de groupe conduite par un EXPERT, un psychologue ou psychiatre, ou un infirmier ayant suivi une formation adaptée.
    => Aldo Naouri : pédiatre, publiant dans un livre et médiatisant ses "conseils" devant un public qui LE CONFOND avec un vrai psychologue ou psychiatre, public donc PEU INFORMÉ et susceptible d'entendre ce qu'il a envie d'entendre.

    => Votre situation : bien que "choquante" pour le patient ou son entourage, la phrase "votre sœur, bien que mourante d'un cancer, n'est pas importante", N'EST PAS ILLÉGALE. Il ne lui a pas dit "Débranchez-la".
    => Aldo Naouri : s'est exclamé "Violez-la". Et l'a répété plusieurs fois dans divers médias, en faisant la promo de son bouquin. Et "Violez-la", c'est un propos pénalement condamnable.

    (et pas que pénalement, d'ailleurs ; vous avisez pas de dire des trucs comme ça devant moi, propos légaux ou non)


    Ce que vous décrivez et ce que je condamne et dénonce dans mon article sont donc deux choses très différentes et aucunement comparables.

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