mercredi 11 novembre 2015

Chers You(en)tubeurs

Les YouTubeurs, cette nouvelle race d'icône médiatique, font couler beaucoup d'encre (si, la presse papier ça existe encore) et noircir beaucoup de pixels. 
alimentant les discussions au sein de rédactions [lire Ce que le bashing d’EnjoyPhoenix nous révèle sur la génération YouTube],
moqués par les médias dits "traditionnels" [lire EnjoyPhoenix de nouveau critiquée pour le contenu bancal de ses tutos YouTube], 
haïs par nombre d'internautes qui n'hésitent pas à aller jusqu'à l'insulte, la menace ou le harcèlement [lire Ces adultes qui condamnent le harcèlement scolaire... et harcèlent EnjoyPhoenix]
accusés par des "pros" des secteurs (toujours plus nombreux) auxquels ils se frottent (je parle des secteurs, pas des professionnels) de voler leur travail, 
âprement convoités et parfois chers payés ("chers YouTubeurs" n'est pas toujours une expression de politesse) par des marques ou entreprises pour promouvoir leurs produits, et ce dans une opacité qui n'a rien à envier au brouillard londonien qui jadis abrita les petites affaires de Jack l'Éventreur [lire Cyprien, Norman, EnjoyPhoenix : le business trouble des YouTubeurs], 
les YouTubeurs sont au centre de fortes pressions et dynamiques, tantôt connexes tantôt antagonistes.

Bref : c'est le bordel.
Un bordel globalement pas très gentil envers les YouTubeurs, voire carrément méchant. Et c'est pas gentil d'être méchant (ben non), alors certains prennent la plume pour les défendre – ce qui serait louable si cette défense n'était pas un peu naïve, un tantinet à côté de la plaque, et un chouilla exagérée.
Ce fut par exemple le cas du site madmoiZelle, et de Korben qui s'est fendu de ce billet sous forme de lettre ouverte : Chers YouTubeurs... que je m'empresse de commenter ci-dessous parce que j'en ai envie, et parce que j'ai trouvé des Gifs marrants.


« j’éprouve même parfois une pointe d'envie quand je vois votre aisance face à une caméra »
C'est une caméra, pas un alligator.

« Et pourtant, je ne voudrais pas être à votre place, même pour tous les pouces verts du monde. »
Et pour des billets verts ? Se faire aduler – et cracher dessus – par les internautes pour récolter quelques pouces verts, ça n'attire pas grand monde. Pour beaucoup de billets verts, en revanche.. 


« [je ne voudrais pas être à votre place] En tout cas, pas en ce moment. »
Ni au moment du redressement fiscal.


« Vous étiez de jeunes boutonneux qui étaient passés sous leur radar et qui s’étaient fait une notoriété seuls, dans leur chambre, avec une simple webcam et un peu d’humour. »
Nombre de YouTubeurs ont commencé en ayant déjà du bon matos, ou de solides compétences (ou des amis qui en ont) en réalisation, montage.. Par ailleurs certains YouTubeurs, via du sponsoring (pas toujours annoncé) se font offrir du matériel gratuitement.
Certes, on peut percer sur YouTube en commençant avec du matos de base, et c'est tant mieux ; il est vrai que les nouvelles technologies permettent de nouvelles formes de créativité et d'expression, accessibles à beaucoup de monde. Mais je trouve malhonnête de laisser croire que les YouTubeurs à succès (puisqu'on parle de ceux-là, et non de l'immense majorité des YouTubeurs qui demeurent peu connus voire inconnus, et ce malgré le talent indéniable de certains) ont tous débuté – et réussi – avec autant de moyens qu'un réfugié syrien. Cela véhicule, en particulier chez les plus jeunes, l'idée que la célébrité et la richesse sont à la portée de tous. Et non, manifestement elles ne le sont pas.


« Vous avez donné de nombreuses interviews, vous avez communiqué autour de votre passion, vous avez fait des voyages, du cinéma, de la télévision, du spectacle »


« Vous faites un métier nouveau et vous êtes des pionniers. »
Faire l'homme-sandwich n'a rien de nouveau.


« Partenariats foireux, publicité déguisée, mauvaise gestion de votre image…etc. J’imagine que vous avez mille justifications pour toutes ces boulettes. Un network malhonnête, un partenaire commercial avec qui vous avez été trop sympa, une opé acceptée un peu trop vite ou simplement la connerie de croire que plus c’est gros, plus ça passe. »  
Ce n'est pas très honnête de plagier la défense de Patrick Balkany.


« Puis vous gagnez de l’argent et malheureusement, en France c’est mal vu. »
Après la défense de Balkany, le discours du MEDEF. 


« Pire, vous gagnez de l’argent avec la pub ce qui pour beaucoup de personnes dans les médias ou ailleurs, est synonyme de haute trahison car apparemment (...) ça remet en cause votre sincérité. »
Apparemment ?


« Et à aucun moment, je ne vous ai vu mépriser vos fans ni perdre votre âme »


« Votre job n’est pas simple : harcelés d’un côté par des médias condescendants, obsédés par vos revenus et de l’autre côté, insultés par des anonymes qui vous détestent parce que vous symbolisez une certaine forme de réussite. »
Donc les publicités déguisées et les partenariats obscurs ce ne sont que des erreurs de jeunesse, et le reste des critiques formulées contre certains YouTubeurs ne sont dues qu'à de la jalousie.


« Quand je vois tout ce que vous vous ramassez dans la gueule, je pense qu’on peut dire que vous êtes des guerriers. »
Et les licenciés d'Air France ? Ceux de Continental ? Les millions de précaires qui luttent chaque jour ? Les réfugiés ? Je suppose qu'on peut les canoniser directement. 


« En l’espace de quelques années, vous avez appris les métiers d’humoriste, d’acteur, de monteur, de réalisateur, les métiers de la publicité, du marketing, de la gestion de communauté et bien sûr à gérer tous les aspects, bons ou mauvais, de la notoriété. »
Ils ont des agents, des entreprises et des attachés de presse qui s'en occupent, mais le rappeler nuirait au mythe du martyr.


« Mais vous faites ce que vous aimez le plus au monde et c’est ça qui compte, non ? »

2 commentaires:

  1. Grandiose! http://33.media.tumblr.com/1a3e71e9ad83296b0455e81bfef67575/tumblr_inline_nonx7sGfZh1sonh04_500.gif

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