Grâce à Twee-Q, La Manif pour Tous est un exemple à suivre en matière d'antisexisme, et le Front National est semble-t-il un repaire de féministes radicales.
N'EMPÊCHE.
Le
sexisme n'est pas (qu') une légende urbaine, et il est VRAI qu'en
moyenne, les hommes occupent plus le temps de parole que les femmes. Un
chiffre qui revient régulièrement, bien que sa source soit un peu
éparpillée dans les limbes de l'espace-temps, c'est 70% (plusieurs études confirment des résultats à peu près similaires).
Ça veut dire que dans une assemblée mixte, composée "à
égalité" d'hommes et de femmes, les hommes occupent environ 70% du temps
de parole. Et non seulement ils parlent plus, mais ils coupent aussi
plus la parole aux femmes. Ce qui serait anecdotique si ce n'était si
récurrent, et pérenne dans le temps.
Bigre, serait-ce une manifestation de sexisme ? Mais oui on dirait bien.
Comment le combattre – sans Twee-Q et sans chronomètre pour assurer une stricte parité ?
C'est trop fastoche. Si.
Premier point : prendre conscience du problème
En
soirée, au café, au boulot, à l'école, à la fac, en famille, dès lors
que plusieurs personnes de tous sexes / genres confondus sont réunies, observez.
Et tel Saint Thomas, vous verrez et vous croirez.
Sauf
si votre environnement familial, professionnel et amical est uniquement
constitué d'antisexistes hors-pairs et de hippies pour qui la parole de
chacun-e est sacrée et où tout le monde s'exprime librement et
simplement. Auquel cas on ne vous félicite pas, vous mettez toute notre
propagande alarmiste par terre. AH BEN BRAVO.
Mais si vous évoluez dans un environnement normalement sexiste (j'aime beaucoup jouer avec les concepts),
vous constaterez qu'effectivement les hommes prennent plus la parole,
parlent plus longtemps (on n'a pas stipulé que c'était nécessairement
intéressant d'ailleurs), et coupent plus facilement la parole
aux femmes.
Que faire ?
Femmes : « bouge ton cul grognasse »
Confronté
à l'adversité, un être vivant n'a souvent que deux options : vaincre ou périr.
Femme, tu n'échappes pas à la règle. BOUGE TON CUL. Ou tu périras dans les flammes de l'enfer de la minorité des 30% qui occupent le temps de conversation.
Femme, tu n'échappes pas à la règle. BOUGE TON CUL. Ou tu périras dans les flammes de l'enfer de la minorité des 30% qui occupent le temps de conversation.
Si tu attends
gentiment qu'on te donne la parole au nom de la petite chose fragile que
tu es (supposée être), comme on nous apprend à attendre le prince charmant qui viendra
nous délivrer de notre donjon, tu vas attendre longtemps. Mais genre
longtemps, quoi. Looooongtemps. Et on n'a pas le temps. La vie, ça file à une vitesse...
Ne sois pas
toujours si discrète : la vie n'est pas un jeu d'infiltration, allons
donc. Arrête de longer les murs et de te recroqueviller dans ton pull
comme un Bernard l'Hermite.
Et prends la parole, n'hésite
pas. Histoire de ne pas passer pour une parfaite idiote, assure-toi
tout de même d'avoir un truc intéressant ou drôle à dire. Si, ça peut être bien,
vraiment. Le genre de petit détail qui fait la différence entre optimiser ou flinguer une vie sociale.
Ne te laisse pas couper la parole. Si ça arrive,
reprend-la. Arrache-la s'il le faut, même (c'est une image bien sûr, ne
va pas risquer 20 ans de taule parce que tu prends tout au 1er degré, ce
serait dommage). Poliment si y'a moyen, et si y'a pas moyen... vas-y à
la barbare : coupe à ton tour la parole de celui qui te l'a prise, et avant de reprendre ton propos là où tu en étais,
notifie-lui clairement que ce n'est pas un comportement que tu tolèreras
à l'avenir.
Hommes : « reste tranquille p'tit con, et sois gentil avec la dame »
Homme, que tu sabotes volontairement le temps de parole des femmes parce que t'es rien qu'un gros con machiste,
ou que tu le fasses involontairement par "imprégnation au milieu"
sexiste ambiant, arrête. Arrête de t'étaler dans l'espace de
conversation, arrête de couper presque systématiquement la parole aux femmes (oui, même pour dire
un truc gentil ou une super blague, arrête).
Ce n'est guère
difficile : tourne 7 fois ta langue dans la bouche avant de couper la
parole à une femme, et mords-la (ta langue, pas la femme. Ou si, mais
avec son consentement).
Et médite là-dessus : « Mieux vaut fermer sa gueule et passer pour un con que l'ouvrir et ne laisser aucun doute à ce sujet. » Est-ce que tu es vraiment obligé d'ouvrir la bouche, là, tout de suite ? Est-ce que ce que tu as à dire est siiiii important ou vital pour le destin de l'humanité que tu te crois autorisé à interrompre le propos d'une collègue, amie, cousine, voisine ? Si la réponse est non, abstiens-toi. Une fois sur deux, c'est déjà pas mal.
En
outre, si tu veux te montrer civilisé et respectueux et féministe et sentir bon des dessous de bras (t'as envie de serrer, oui
voilà), tu peux aussi veiller aux points suivants :
* inciter, inviter les personnes de sexe féminin à participer à la conversation ;
* leur donner la parole, au moyen d'un subtil « Et toi Martine t'en penses quoi ? Hein Martine ? »
Elle va être contente Martine.
Et qui sait ? À force d'entrainement, elle deviendra peut-être une vraie professionnelle de la tchatche.
Gare à l'excès de zèle
L'acquisition
de nouveaux (super) pouvoirs peut devenir grisante ; enivrée par une
force nouvelle, la femme qui découvre l'anti-sexisme ou le féminisme, et
les joies du reprenage de parole en mode Tonya Montana, peut devenir un
tyran sanguinaire. Et passer du cliché de la jeune femme (trop) douce et (trop)
discrète au cliché de la harpie hystérique.
Femme, rien ne t'es dû sur
la seule base du fait que tu sois une femme. Tu es un être humain comme
les autres, et tu te feras envoyer bouler comme n'importe qui d'autre si
tu fais chier le monde. Oui, la vie c'est dur parfois.
Quant aux hommes, nouvellement
(in)formés sur les problématiques sexistes, il peut leur arriver d'être
pris dans une guimauve poisseuse, magma purulent de culpabilité et de
peur de mal faire. C'est souvent là... que toi l'homme, tu en fais trop. Trop,
beaucoup trop. L'excès de zèle des nouveaux convertis.
Au nombre des
idées de merde auxquelles tu peux penser, le plus souvent sur suggestion d'une rad' fem' croisée sur Twitter ou Facebook (internet c'est dangereux) ou d'un sympathisant aspirant preux chevalier : ne plus retweeter d'hommes
pendant un an... (il faut avoir lu ceci pour comprendre), donner la parole en premier aux femmes, ou leur donner la parole plus longtemps.
Là, je vais la jouer égoïste qui prêche pour sa paroisse, mais une précision s'impose : une femme n'est PAS une personne handicapée. Une femme n'est pas prioritaire (sauf en cas d'évacuation d'un paquebot faisant naufrage, éventuellement) ni n'a besoin de tiers-temps.
Inutile également de te mettre à pisser assis. Si si, j'insiste, c'est inutile. Sauf si c'est ton truc, bien sûr.
L'idéal antisexiste – mais si, il existe
L'idéal,
le but à atteindre, le Saint-Graal de l'antisexisme, c'est qu'au final : on s'en
foute – éperdument – que vous soyez une femme ou un homme.
Prenez la
parole si vous en avez envie, ne la prenez pas si vous préférez écouter
(ou si vous vous remettez difficilement de la cuite de la veille), soyez
plus discret ou discrète qu'un ninja, ou moins délicat-e qu'un troupeau
de gnous lancés à vive allure car poursuivis par Godzilla, et ceci que vous soyez un homme ou une
femme.
Ne vous sentez pas obligé-e de devenir différent-e
uniquement pour ne pas être "un stéréotype" ou faire plaisir à votre
grand-mère qui brula son soutien-gorge dans sa folle jeunesse (oui,
comme le temps passe). Mais ne vous sentez pas obligé-e d'être odieusement sexiste par tradition non plus, hein.
Ce qui nous intéresse, ce qui doit nous intéresser, c'est votre personnalité, ce que vous avez à dire, votre manière d'être, et éventuellement votre 06. Le reste – le fait que vous soyez un homme ou une femme, votre couleur de peau, ou la forme de vos cheveux – on s'en tamponne le coquillard comme de l'an 40 après la bataille du Mordor.
Et en fonction de qui vous êtes, et non de ce que vous êtes, on vous aimera, ou peut-être qu'on vous détestera, comme n'importe qui d'autre. Que vous soyez un homme ou une femme, noir ou blanc, jeune ou vieux.
Elle est là, l'égalité.
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« Le mieux est le mortel ennemi du bien. »
Montesquieu
Franchement, j'avais lu ton article en réponse à Mar-lard, et depuis je reviens de temps en temps sur ton blog. Ça fait toujours du bien de se rappeler qu'il y a des féministes rationnels. J'aime bien que tu parles d'anti-sexisme, que tu ne refuses pas le débat, et que tu ne te poses pas en victime. À titre personnel (membre de la caste mâle dirigeante ;) ), j'ai arrêté de me déclarer féministe pour passer à anti-sexiste, et la décision est malheureusement trop souvent renforcée au fil de mes lectures sur le net.
RépondreSupprimerBref j'aime beaucoup ce que tu écris.