mardi 25 mars 2014

Un petit coup de pouce... s'il vous plait

Je... hm, ne suis pas très à l'aise pour demander ce genre de choses, et encore moins à l'aise avec le fait de m'épancher sur ma vie ou ce qui m'arrive, mais voilà : j'ai besoin de votre aide.

Je traverse une période plus que difficile : ma mère va entamer une chimiothérapie, mon chien devra probablement être euthanasié cette semaine – et je n'ai pas de quoi payer son euthanasie ni sa crémation, je suis menacée d'expulsion pour loyers impayés.
Ah, et je deviens sourde, aussi. 
Pour ceux qui ne me connaissent pas, tout ceci s'ajoute à mon handicap – je suis déjà en fauteuil roulant car atteinte de la maladie des os de verre, et à ma précarité financière (l'allocation adulte handicapé est sous le seuil de pauvreté, pour information).

Des amis m'ont donc suggérée de faire un appel aux dons.
Surgit alors un autre problème : comme je le disais plus haut, je ne sais pas trop m'y prendre avec ces choses là. Appeler aux dons pour d'autres, ou pour une organisation caritative ou humanitaire, pour une association, pour un collectif de grévistes, je sais faire. Appeler aux dons pour moi me met nécessairement beaucoup plus mal à l'aise. Faire la manche, dans la rue ou sur internet, n'est que rarement une activité agréable... d'autant qu'il faut passer par l'étape "expliquer ses problèmes" et donc raconter sa vie – à des inconnus qui lisent ces lignes. Ce qui est embarrassant.


Beaucoup d'handicapés ont l'habitude de parler de ces choses là. De leurs souffrances, de leurs difficultés. Pas moi. Ou quand je le fais, c'est avec une bonne dose d'humour, ou de rage, ce qui a pour inconvénient majeur d'effacer toute trace ou presque d'empathie et de compassion chez les gens.
Je le fais d'ailleurs sciemment. Je n'aime pas faire pitié. Je n'aime pas être considérée uniquement au regard de mon handicap ou de mes difficultés.

« Il faut aimer les êtres pour eux-mêmes, non pour leur souffrance. »
Jean-Paul Pinsonneault

Très tôt, je me suis rendue compte qu'un nombre conséquent d'individus n'en auraient rien eu à faire de moi si je n'avais pas été handicapée. Bonnes choses – invitations, cadeaux, traitements de faveur – comme mauvaises – agressions, discriminations – beaucoup me sont arrivées parce que j'étais handicapée. C'est justement ce que je déteste : avec la reconnaissance du handicap vient trop souvent la négation de l'individu. 
On n'est plus une personne, avec ses qualités et ses défauts, on est avant tout voire uniquement : un-e handicapée. Peu importe que tu sois idiot ou incompétent, ou intelligent et talentueux, t'es surtout handicapé. Et c'est foutrement insupportable.
Du coup j'ai tendance à mettre en avant mon caractère, ma personnalité, moi, plutôt que mon handicap ou mes problèmes.
Et justement, mon caractère pose un autre problème : je suis apparemment trop combative et trop joyeuse. On s'attend à ce que les gens au bout du rouleau ne parlent que de leur souffrance, ne connaissent que ça.

« Plus on a de la souffrance, plus on a de la joie. »
Edith Piaf

Or, quand on a beaucoup souffert, quand on a vécu beaucoup de choses graves, difficiles, quand on a déjà été confronté à des situations de péril, on a une sorte de "double lecture" de la vie : on prend à la fois tout très au sérieux, et complètement par-dessus la jambe. 
Et puis on n'est pas le dernier ou la dernière à profiter de la vie, de chaque opportunité qui se présente, des invitations aux soirées, à savoir apprécier des choses simples, à rire. Tout ce qui peut rendre la vie plus légère, agréable, moins pénible, oui on prend. Bien sûr. Parce qu'on sait que la vie peut être un tas d'immondices et d'injustices, d'horreurs, de dangers, de douleurs ; et parce qu'on sait aussi que chaque occasion de l'oublier fait du bien, permet de recharger les batteries, juste ce qu'il faut pour pouvoir continuer. Parce qu'il faut toujours continuer. Pas par bravoure ni courage. Mais simplement parce qu'on n'a pas d'autre choix.
Alors on encaisse, on rend les coups aussi, on profite des opportunités qu'on trouve si on peut, et puis on avance.

Mais là, j'en suis arrivée à un stade... où je fatigue. Vraiment. Je n'en peux plus d'encaisser, je n'en peux plus de devoir tenir bon, de devoir avancer coûte que coûte, je n'en peux plus de toujours devoir être forte, d'attendre des lendemains qui chantent mais qui ne viennent jamais. Ou qui chanteront peut-être, mais sans que je puisse les entendre à cause de ma surdité qui s'aggrave.

Sourde. Sourde ! Sourde ? Moi qui suis la reine de la répartie en mode sniper, sourde
Comment faire pour répliquer, participer, réagir quand on n'entend pas ce que les gens disent, ou qu'on répond complètement à côté de la plaque parce qu'on a mal entendu ? Sourde, putain. J'avais bien besoin de ça, en plus du reste.


Et voilà aussi pourquoi je n'aime pas parler de mes problèmes : j'en ai trop. En évoquer un seul, c'est risquer de laisser se défaire toute la pelote de laine d'emmerdes qui servent de fil rouge à ma vie. Et puis parmi ces problèmes, il y en a beaucoup auxquels on ne peut rien faire, alors à quoi bon en parler. 
Mais il y en a d'autres qui pourraient être résolus si vous m'aidiez, voilà pourquoi je me vois "contrainte" de vous parler de tout ceci aujourd'hui, et de faire appel à vos dons (afin de m'éviter d'avoir à ouvrir un labo clandestin de méthamphétamines. Un risque que je préfèrerais ne pas prendre étant donné que je suis nulle en chimie, et parfois maladroite).

Ce n'est peut-être pas très "vendeur" ce que je vais dire là mais... ça m'emmerde d'avoir à demander de l'argent, comme ça, et de raconter mes problèmes. Vous n'imaginez pas à quel point ça m'emmerde, vraiment. Mais c'est juste que... là, je n'en peux plus, je suis à bout. Tout s'enchaine, les mauvaises nouvelles et soucis s'accumulent, les galères appellent d'autres galères – abyssus abyssum invocat. Et sans aide immédiate pour casser la dynamique infernale de précarité qui s'est installée, sans aide pour me soulager un minimum face à ce déluge de problèmes, je ne m'en sortirai pas.  
Pour m'aider, il suffit de faire un don au moyen du bouton Paypal qui se trouve tout en haut du blog, sous mon avatar (oui, ce gros ours bourru en tutu rose).
À noter : le bouton Paypal n'apparait pas sur la version mobile du blog :/

Un rappel : vous n'êtes évidemment pas obligé de m'aider. Je ne vous demande pas de m'aimer, de m'apprécier, ni d'avoir pitié. 
En outre, il existe sur Terre des personnes, et des causes, dans une situation beaucoup plus grave et urgente que la mienne. J'en suis parfaitement consciente, et au demeurant plutôt attristée que réjouie de savoir qu'il y a pire que moi – ce que je n'ai jamais trouvé être une consolation, bien au contraire.
Je sais aussi que nombre d'entre vous sont aussi dans une situation précaire, voire plus précaire que la mienne. 
J'insiste donc sur le fait que vous êtes parfaitement libre de faire un don ou non, et que si vous êtes vous-même dans le besoin je comprends très bien que vous ne puissiez m'aider financièrement, si modestement soit-il. Les difficultés financières, je sais justement ce que c'est – c'est même l'objet principal de ce billet.
Mais si vous avez la possibilité de m'aider, ne serait-ce qu'avec 10 ou 20 euros, et si vous êtes plusieurs, votre don me sera évidemment utile, même si vous pensez que ce n'est qu'une goutte dans un vaste océan de précarité. « Les petits ruisseaux font les grandes rivières. »

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À quoi serviront vos dons ?

Pour faire court : à payer les soins, ou l'euthanasie..., et la crémation de mon chien (environ 500 ou 600 euros) ; à payer un ou deux loyers de retard (360 x 2 = 720 euros) pour les faire patienter le temps que je remplisse un dossier d'aide (FSL) et qu'il passe en commission ; à acheter pour environ 200 euros de matériel manquant pour des travaux dans mon logement (installer des étagères à ma hauteur, ce genre de choses), si je n'ai pas été expulsée d'ici là ; à payer l'assurance de ma voiture (dont je ne peux pas me passer, car les fauteuils roulants et les transports en commun ne sont guère compatibles en général) soit environ 400 euros pour une année.
Ce qui fait à peu près 1 920 euros au total. Oui, ça chiffre vite... c'est justement pour cette raison que j'ai besoin d'aide. L'allocation adulte handicapé, c'est 790,18 euros par mois. 

Je suis déjà prise en charge par l'aide sociale, mais elle n'est pas illimitée (non, être allocataire ce n'est pas l'el dorado pour fainéants que certains s'imaginent). Je suis aussi en train de constituer un dossier FSL, et un dossier de surendettement.

Mais c'est en attendant que ces démarches soient constituées (il faut un taaaas de justificatifs et de papiers) et qu'elles aboutissent que je suis dans un besoin urgent d'argent. Pour mon chien, qui ne peut plus marcher depuis hier et doit donc être pris en charge rapidement ; pour payer quelques loyers et éviter une expulsion ; pour les travaux de mon logement, éternellement repoussés alors que j'en ai vraiment besoin ; pour l'assurance de ma voiture et la sauvegarde de mon autonomie. Sans voiture, tout se complique davantage. Or, j'ai déjà mon lot de difficultés et obstacles au quotidien à gérer.

Roswell, mon gros toutou


Par ailleurs, quand on est en situation de précarité financière, les besoins ne manquent pas. 
Par exemple j'aimerais aussi pouvoir faire réparer mon PC, sans lequel je serais (encore plus) dans la m...ouise. Ça aussi c'est éternellement repoussé, et j'ignore combien de temps il tiendra encore.
J'aimerais aussi acheter du matériel et les logiciels adéquats pour les vidéos de ma chaine Youtube (on a même tourné la première émission, youpi ! Partie 1 et partie 2, sur les jeux vidéo RPG). 
J'ai également besoin d'un bon casque audio, prise jack, pour pouvoir entendre la télé, la musique, ou mes jeux vidéo. Mon casque audio est mort il y a quelques temps de ça déjà. Et sans casque, je n'entends presque rien. Ou alors mes voisins en profitent aussi... Voilà donc plusieurs semaines que je regarde la télé sans le son, essayant de choper tous les films et les séries en VOSTFR – avec les sous-titres j'arrive à suivre environ ce qui se passe. Mais je ne peux plus écouter les podcasts ni plein d'émissions sur le web, car elles ne sont pas sous-titrées. Oui, c'est pas grand chose comparé au reste, mais justement : ça plus ça plus ça plus ça... au bout d'un moment, ça fait beaucoup. Trop.

Alors voilà, j'ai besoin de vous. Pour tout ceci, et bien plus ; pour tout ce qui est urgent (mon chien, l'expulsion etc), pour tout ce qui l'est moins. Si vous pouvez m'aider, ne serait-ce qu'un peu, je vous serais vraiment reconnaissante de le faire. À défaut, toute autre forme de soutien, de coup de pouce, est aussi la bienvenue.

Et je... ben voilà, merci.



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« Sache souffrir. Mais ne dis rien qui puisse troubler la souffrance des autres. »
Léon-Paul Fargue


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Mise à jour, dimanche 30 mars 2014 :

- merci à tous ceux et toutes celles qui m'ont déjà fait un don, la somme n'est pas encore atteinte mais petit à petit ça avance :)

- j'ai enfin un casque audio et je peux de nouveau regarder la télé, écouter des podcasts etc : merci beaucoup !

- mon chien remarche, avec difficulté mais il remarche, suffisamment pour retarder l'inévitable - dans l'immédiat. La paralysie brutale dont il a souffert indique probablement une hernie discale ou un problème de cet ordre, des examens complémentaires sont nécessaires

- et (encore) un grand merci pour vos témoignages de soutien, ça fait vraiment du bien...

samedi 8 mars 2014

8 mars * Journée Internationale des Droits des Femmes – Ni Saint Valentin, ni Fête des Mères

La journée internationale des droits des femmes est célébrée chaque année – en France et dans de nombreux pays – pour commémorer les luttes féministes, rappeler leur actualité, et promouvoir l'égalité entre hommes et femmes.

Bref, la journée internationale des droits des femmes n'est ni la Saint Valentin, ni la fête des mères, ni la fête de la beauferie sauce girly si chère au cœur des services de marketing.

Cette journée est plutôt l'occasion de se souvenir que les droits des femmes, s'ils ont fait des progrès manifestes, peuvent aussi être violemment remis en cause. Qu'il s'agisse d'interruption volontaire de grossesse (certains n'hésitant pas à manifester contre ce droit), ou d'accès à un évènement :

Tweet de Jenny Collier


L'égalité entre hommes et femmes, si cela semble une évidence pour certain-e-s, est loin de toujours s'inscrire dans la réalité :

* inégalités salariales : à temps plein, les hommes gagnent 16 % de plus que les femmes. Tous temps de travail confondus, l’écart est de 31 % ;

* inégalités de revenus qui se poursuivent à la retraite : les femmes qui ont exercé une activité professionnelle perçoivent une retraite de base inférieure de 21 % à celle des hommes. Tous régimes confondus, cet écart est de 42 % ;

* dès l'enfance, puis à l'âge adulte, les inégalités entre garçons et filles sont consacrées et transmises notamment au travers des jouets, des livres jeunesse, des jeux vidéo, de la télé., de la politique... Pire, la tendance gagne du terrain : le marché du sexisme se porte bien.


Hommes et femmes sont, tout récemment, égaux face au chômage – merci la crise.
Hommes et femmes sont aussi égaux face aux vols avec violences, menaces, et injures – on progresse, on progresse...
Mais dès qu'il s'agit d'agressions sexuelles, de harcèlement de rue, d'exhibitionnisme, de gestes déplacés, de mutilations sexuelles, de viols, de mariages forcés, de violences au sein du couple..., les femmes reprennent la tête du classement – en tant que principales victimes :

* les femmes subissent presque trois fois plus de violences sexuelles que les hommes (1,3% contre 0,5%) ; 16% des femmes et 5% des hommes déclarent avoir subi des rapports sexuels forcés ou des tentatives de rapports forcés au cours de leur vie ; en 2011, sur les 4 983 viols, 3 742 viols ont été commis à l’encontre de femmes et 432 contre des hommes. Parmi ces viols, 906 sont des viols conjugaux commis contre des femmes et 179 contre des hommes. ;

* elles sont deux fois plus victimes d'exhibitionnisme (2,9% contre 1,2%) ;

* elles sont trois fois plus visées par des gestes déplacés (4,3% contre 1,5%) ;

* en 2011, une femme est décédée tous les 3 jours, et un homme tous les 15 jours, victime de son partenaire ou ex-partenaire de vie ;

* ont été commis également, au sein du couple, 100 tentatives d’homicide contre une femme et 44 contre un homme ;

* sur les 62 406 faits constatés de violences non mortelles commises par un-e conjoint-e ou ex-conjoint-e, 49 774 l’ont été contre des femmes et 12 632 contre des hommes.

Sources :
- l'Insee
- le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes


On est donc BIEN LOIN d'une « journée de la femme » rimant avec fleurs, bijoux, compliments, coupons de réduction et séance de shopping. Il s'agit en réalité d'une journée internationale des droits des femmes, marquant les nécessaires combats pour l'égalité, et la diversité des femmes – et hommes – qui les mènent.

Combats qui ne sont pas de tout repos... Alors si, en ce jour particulier, vous tenez absolument à nous faire un petit cadeau, voici une suggestion :



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À consulter :
* 8 mars : y a-t-il quelque chose à célébrer ? 
* Journée internationale des droits des femmes : le 8 mars, c'est toute l'année ! 
* On a parlé IVG, plaisir féminin et manif pour tous avec Benoîte Groult
* Inégalités hommes-femmes : les leurres du 8 mars  

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« Chacun cherche sa route ; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l’égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux.  »
Louise Michel